Les mille et une nuit de grenade 1

“Par une porte d’allure toute simple, nous entrions dans le palais musulman. D’un coup, nous étions transportés dans une autre époque, dans un autre royaume, au milieu du théâtre de l’histoire arabe. » (Contes de l’Alhambra, p. 27.) Pièce principale de ce décor, la cour des Lions: «En son centre s’élève la fontaine si fameuse dans les chansons et les romances. Ses vasques d’albâtre répandent toujours leurs gouttes adamantines et les dome lions qui les soutiennent rejettent leurs flots de cristal comme au temps de Boabdil. » (Ibid.) Le futur ambassadeur des Etats-Unis en Espagne se plaît à évoquer les hautes tours blanches, les longues galeries, les somptueux bosquets et les jardins suspendus d’un «palais aérien » : le Generalife, résidence d’été où se réfugiaient les rois maures durant les grandes chaleurs.

L’architecture mudéjare a toujours fasciné les poètes. Enfant de Grenade, Federico Garda Lorca venait s’asseoir dans les patios emplis de fleurs. Il retrouvait son anù Manuel de Falla, qui habitait à deux pas. Ensemble, ils riaient,jouaient de vieilles chansons populaires. Plus tard, Sartre et Beauvoir yferont du tourisme. Dans Au-dessous du volcan, Malcolm Lowry situe la rencontre du consul et de son épouse Yvonne à Grenade.

«C’est qu’en ce lieu la pierre a une qualité chamelle, remarque Serstevens, et ces deux dalles couchées côte à côte évoquent des caresses incestueuses […]. Les colonnes sont rondes, blondes et veloutées comme les cuisses des femmes. […]On ne pense, en ces lieux délicieux, qu’à se coucher, manger de la neige à l’orange et faire l’amour. » (Le nouvel itinéraire espagnol, p. 127.)

A défaut d’y manger de la neige,Théophile Gautier s’est rafraîchi à la fontaine de la cour des Lions et passa ses nuits dans la salle des Deux Sœurs, étendu sur son manteau, avec quelques bouteilles de xérès. Il contemplait les reflets de la lune sur les voûtes et les Contes de l’Alhambra lui revenaient en mémoire.