Pour en revenir à la variable « France », une des ques- tions que l’on peut se poser est celle de l’adhésion à la nation. On sait que depuis la Révolution française, la conception de la citoyenneté en France, plus masculine que féminine, s’est inscrite non seulement dans le vote, mais aussi dans la conscription, avec le service militaire.
Sa mort programmée en 1996, effective en 2001, a traduit incontestablement la disparition d’un des critères historiques les plus importants de l’appartenance (masculine) à la nation.
Son remplacement, partiel, avec le service civique, reflète plus, à mon sens, un sentiment d’appartenance à l’humanité (comme le démontre d’ailleurs la croissance des mouvements dits « humanitaires »).
Cette question de l’identification est centrale pour les femmes et les hommes politiques qui doivent parler aux « Français », en ignorant jusqu’où ce groupe existe subjectivement, en ne sachant pas quels sont les Français qui composent leur identité personnelle avec ce critère, et même ceux qui se définissent en priorité par ce trait.
Si la crise durable est mal vécue et se traduit pour les Français, jeunes ou moins jeunes, par un moral en berne, c’est peut-être pour cette raison : l’affaiblisse- ment du sentiment d’appartenance à la nation, au moins pour certaines catégories. La France n’est pas une terre inconnue, même si le sentiment d’appartenir à cette nation n’est pas développé, concurrencé par d’autres enracinements identitaires, la région, mais aussi les origines ou la famille…
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