Que les ambitieux s’achètent un Zola! Un vrai, en papier, avec des pages cornées. La science montre que lire permet de développer des capacités indispensables à toute interaction sociale, y compris celles au travail. Si ce loisir ne fait pas partie de vos habitudes, pas de panique, on vous donne les bonnes raisons de vous y (re)mettre.
1. Pour avoir un meilleur travail
Un universitaire d’Oxford a étudié les activités extrascolaires de 17.000 trentenaires quand ils étaient au lycée. Sur les seize activités identifiées (cuisine, sport, cinéma, peinture…), seule la lecture semble corrélée à leur catégorie socioprofessionnelle actuelle: les personnes qui ont lu pendant leur jeunesse appartiennent plus souvent à la catégorie des cadres et professions intellectuelles supérieures. Cette corrélation s’expliquerait par le lien entre la lecture et l’université, et a fortiori l’emploi. En d’autres termes, si vous regardiez sur internet les résumés des livres que vous deviez lire au lycée, inquiétez-vous pour votre carrière.
2. Pour avoir un cerveau qui sait (vraiment) faire plusieurs choses à la fois
Lire n’est pas écrit sur notre code génétique comme la vision: c’est un apprentissage. Notre cerveau développe un circuit propre à cette activité. Concentration sur un même objet, mémoire, prise de recul sont des compétences qu’on sollicite par la lecture. D’où le problème de la lecture numérique contemporaine. Confronté au flux titanesque d’informations qu’il doit traiter rapidement, le cerveau s’adapte et privilégie une lecture efficace à une lecture en profondeur. Dans la revue américaine Science, Patricia Greenfield, professeure de psychologie à l’Université de Californie à Los Angeles, en montre les conséquences: notre cerveau favorise la configuration pour la lecture numérique. Nous perdons ainsi les compétences qui étaient propres à la lecture traditionnelle. À bas les liseuses? Prêcher un retour à un monde papier n’est ni envisageable, ni souhaitable. Nous devrions plutôt chercher à combiner les deux configurations dans ce qu’un article du Guardian a nommé «bi-alphabétisation».
3. Pour pouvoir mieux communiquer
Pour exprimer une pensée nuancée, il nous faut des mots. Beaucoup de mots. Ça tombe bien, la langue française en dispose de plus de 60.000. Encore faut-il les connaître. Une étude américaine montre que nous ne sommes pas égaux face aux mots. À 14 ans, un enfant à qui on aurait lu une histoire tous les soirs aurait entendu 1,4 million de mots de plus que celui qui en aurait été privé. Bon point néanmoins dans la lutte contre les inégalités: notre désamour générationnel pour la lecture est en passe de rendre la cruelle inégalité sociale du déficit lexical («word gap») beaucoup plus égalitaire par la magie du nivellement par le bas. Désormais, nous manquons tous et toutes de mots.
4. Pour pouvoir mieux diriger (et faire preuve de plus d’humanité)
Vous vous souvenez de Madame Bovary qui nous assomait avec ses tourments de cœur, de Meursault dans L’Étranger auquel on ne comprenait rien du tout? Ces personnages et tous ceux qu’on a suivis pendant une ou mille pages, qu’on a vu changer d’avis, tomber amoureux ou être en colère sont une bibliothèque de personnalités qui forme notre empathie. «Lire nous permet d’adopter la vision d’un personnage avec lequel nous n’aurions pas été en contact sinon. Forts de leur expérience psychologique, de la façon dont ils interagissent avec les autres, nous les utilisons pour mieux comprendre notre propre environnement», explique Maria Eugenia Panero, chercheuse à Yale.
Plus d’excuses donc pour ne pas filer chez le libraire (si si, ça existe encore). Et puis, avouez-le: vous adorez l’odeur d’un bon livre neuf.
lire c’est découvrir sans la lecture y’aura pas d’émancipation
Cool le sites